Au risque de l’adoption
Cécile Delannoy
Beaucoup de parents qui adoptent pensent, en toute bonne foi, qu’enfants « de leur sang » ou enfants « adoptés », cela ne fait aucune différence. Mais ils oublient de se demander s’il en va de même pour ces enfants… S’ils ont choisi de les adopter, eux n’ont pas choisi de l’être. L’auteur, elle-même mère adoptive et aujourd’hui grand-mère, a voulu savoir comment était vécue l’adoption de part et d’autre, en comprendre les éventuelles séquelles et suivre les traces laissées en chacun par une histoire difficile, un passé douloureux. Elle a ainsi réalisé un véritable travail d’enquête auprès de parents adoptifs et d’enfants adoptés ; de la petite enfance à l’âge adulte, des heurts de l’adolescence aux moments de tendresse, elle nous restitue ici sans fards la réalité de l’adoption. Les parents – et les enfants – de ces familles se reconnaîtront souvent dans cet ouvrage vivant, dont la force réside autant dans les témoignages que dans l’analyse qui les accompagne. Les différents parcours, la confrontation des points de vue, la parole des spécialistes consultés permettront à chacun d’être préparé aux angoisses et interrogations légitimes. Car s’il est des enfants adoptés qui ne posent aucun problème, d’autres réagissent, en particulier à l’adolescence, par des comportements excessifs et quelquefois destructeurs. Ni optimiste ni pessimiste, ce livre se veut avant tout le reflet d’une vie à construire ensemble.d’arriver à Port-au-Prince – à la faveur de ce décret – au début de l’automne 1939, le docteur Ruben Schwarzberg, né en 1913 dans une famille juive polonaise, a traversé bien des épreuves. Devenu un médecin réputé et le patriarche de trois générations d’Haïtiens, il a peu à peu tiré un trait sur son passé. Mais, quand Haïti est frappé par le séisme de janvier 2010 et que la petite-fille de sa défunte tante Ruth – partie s’installer en Palestine avant la deuxième guerre mondiale – accourt parmi les médecins et les secouristes du monde entier, il accepte de revenir pour elle sur son histoire familiale. Pendant toute une nuit, installé sous la véranda de sa maison dans les hauteurs de la capitale, le vieil homme déroule pour la jeune femme le récit des péripéties qui l’ont amené à Port-au-Prince. Au son lointain des tambours du vaudou, il raconte sa naissance en Pologne, son enfance et ses années d’études à Berlin, où son père Néhémiah avait déménagé son atelier de fourreur, la nuit de pogrom du 9 novembre 1938, au cours de laquelle lui et son père furent sauvés par l’ambassadeur d’Haïti. Son internement à Buchenwald ; sa libération grâce à un ancien professeur de médecine ; son embarquement sur le Saint Louis, un navire affrété pour transporter vers Cuba un millier de demandeurs d’asile et finalement refoulé vers l’Europe ; son arrivée, par hasard, dans le Paris de la fin des années 1930, où il est accueilli par la communauté haïtienne et, finalement, son départ vers sa nouvelle vie, muni d’un passeport haïtien : le docteur Schwarzberg les relate sans pathos, avec le calme, la distance et le sens de la dérision qui lui permirent sans doute, dans la catastrophe, de saisir les mains tendues. Fascinant périple, le roman de Louis-Philippe Dalembert rend également un hommage tendre et plein d’humour à sa terre natale, où nombre de victimes de l’histoire trouvèrent une seconde patrie